Antoine Meillet
1866-1936

Meillet Antoine

Antoine Meillet quitte Châteaumeillant à onze ans pour entrer au lycée de Moulins. Après le bac, étudiant à la Sorbonne à partir de 1885, il suit les cours de Louis Havet, James Darmesteter, Abel Bergaigne et Victor Henry en même temps que ceux de Michel Bréal au Collège de France et de Ferdinand de Saussure et Sylvain Lévi à l’École Pratique des Hautes Études. En 1890, il se rend en mission durant un an dans le Caucase pour étudier l’arménien moderne et dès son retour, il est appelé à remplacer Saussure en grammaire comparée, cours qu’il complète à partir de 1894 par une conférence en iranien.

En 1897, Meillet soutient ses thèses de doctorat consacrées à des Recherches sur l’emploi du génitif-accusatif en vieux-slave et à De indo-europaea radice *men « mente agitare » . Il obtient en 1902 la chaire d’arménien de l’École des Langues Orientales et succède à Bréal en 1906 au Collège de France où il poursuit un enseignement de linguistique consacré à l’histoire et à la structure des langues indo-européennes, parallèlement aux formations qu’il dispense à l’École Pratique des Hautes Études. Secrétaire de la Société de Linguistique de Paris, il est élu à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en 1924. Il fait valoir ses droits à la retraite en 1932. Parmi ses activités, à la frontière du politique et des langues, il est appelé comme expert pour contribuer à la définition des groupes, des langues et des frontières au moment des traités consécutifs à la guerre de 14-18.

Ses travaux sont d’une stricte obédience philologique jusqu’à 1906, guidés par un souci de rigueur inspiré de l’enseignement de Saussure et par un intérêt pour les faits de civilisation dans l’acception bréalienne de la sémantique. À partir de 1906, Meillet marque son intérêt pour la définition de lois générales, concernant l’ensemble de la linguistique, pour quoi il trouve une inspiration nouvelle dans un rapprochement avec l’école durkheimienne.

Au nombre de ses élèves, on compte Émile Benveniste, Marcel Cohen, Georges Dumézil, Michel Lejeune, André Martinet, Louis Renou, Lucien Tesnière, Joseph Vendryes et presque tous ceux qui se sont consacrés à l’étude des langues dans la France de la première moitié du XXe siècle.

Cf. la notice détaillée rédigée par Pierre Swiggers aux pages 622-624 du Lexicon Grammaticorum , édité par Harro Stammerjohann chez Max Niemeyer, Tübingen, 1996.
Voir aussi les contributions du numéro X,2 de Histoire Épistémologie Langage , sous la direction de Sylvain Auroux : « Antoine Meillet et la linguistique de son temps ».

Recherches sur l’emploi du génitif-accusatif en vieux slave (1897)

De indo-europaea radice *men- « mente agitare » (1897)

Études sur l’étymologie et le vocabulaire du vieux slave (1902-1905)

Esquisse d’une grammaire comparée de l’arménien classique (1903)

De quelques innovations de la déclinaison latine (1906)

Introduction à l’étude comparée des langues indo-européennes (1906)

Les dialectes indo-européens (1908)

Armenisches Elementarbuch (1913)

Aperçu d’une histoire de la langue grecque (1913)

Grammaire du vieux-perse (1915)

Caractères généraux des langues germaniques (1917)

avec L. Tesnière, Les Langues dans l’Europe nouvelle (1918)

Linguistique historique et linguistique générale (1921)

Grammaire de la langue polonaise (1922)

Les origines indo-européennes des mètres grecs (1923)

avec A. Vaillant, Grammaire de la langue serbo-croate (1924)

Le slave commun (1924)

avec M. Cohen, Les langues du monde (1924)

Trois conférences sur les Gâthâs de l’Avesta (1925)

avec J. Vendryes, Traité de grammaire comparée des langues classiques (1925)

La méthode comparative en linguistique historique (1928)

avec A. Ernout, Esquisse d’une histoire de la langue latine (1928)

avec A. Ernout, Dictionnaire étymologique de la langue latine (1932)

Linguistique historique et linguistique générale II (1936)